Apocalypse Now : Quand le Petit Journal Illustré annonçait la destruction de Paris en 1926 avec les prédictions du Fakir Fhakya-Khan…

“Assisterons-nous à la destruction de Paris en 1926 ?” Ainsi est légendée l’effroyable illustration de couverture du Petit Journal Illustré du 22 novembre 1925. Entre leçon de sensationnalisme, modèle de fake news vintage, et condensé de science-fiction, il faut bien avouer que le journal a placé la barre très haut ! Alors que l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes vient de s’achever avec succès, rien n’est trop fou pour certaines presses…et la rédaction du Petit Journal a une fois de plus mis le paquet pour capter l’attention de ses lecteurs. Au menu ? Une illustration choc et un scénario catastrophe de haut vol prédit par le Fakir Fhakya-Khan. C’est ni plus ni moins l’apocalypse à Paris qui se profile dans ce récit à sensations fortes. Préparez le pop-corn, voici l’article intégralement retranscrit :

 

Un cabinet confidentiel

Conformément au rendez-vous pris la semaine dernière, nous nous sommes rendus chez Fhakya-Khan.

Devant l’hôtel du Petit Journal, 61, rue Lafayette, nous nous sommes retrouvés à 11h15, avec les personnes autorisées par le fakir à suivre les expériences. Il était convenu expressément que nous ne serions pas plus de cinq. Il y avait d’abord M. le professeur Desnard, de la Faculté de Médecine, qui avait bien voulu contrôler, avec la haute autorité scientifique qu’on lui reconnaît unanimement, l’absence de tout trucage. Ensuite, arrivèrent le directeur du Petit Journal Illustré, un dessinateur, avec la mission de prendre des croquis, un opérateur chargé de photographier les moments culminants de la séance. Enfin, venait M. Martx, dont le rôle s’arrêta à sténographier les paroles du fakir, et à donner de toute la réunion un exposé absolument véridique et définitif, dont d’ailleurs les assistants se portent garants.

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Une auto nous conduit en quelques minutes sur la rive gauche.

Enfin, nous arrivons devant une vieille maison, datant du XVIIIe siècle, comme on en trouve encore beaucoup dans ce quartier de Paris. La porte est entr’ouverte. Nous entrons dans un vaste vestibule. Aussitôt une lumière s’allume, et nous apercevons un homme au teint olivâtre, aux yeux brillants, vêtu à l’européenne, mais coiffé d’un turban. D’un coup d’oeil il nous compte et nous examine, puis il s’incline profondément et, d’un geste, nous fait signe de le suivre. Nous montons deux étages et arrivons dans le salon où le fakir Fhakya-Khan m’avait reçu lors de son premier entretien.

Quelques minutes plus tard, le fakir entrait. Il était vêtu d’une ample robe de soie blanche, serrée à la ceinture, et d’un turban blanc aussi. Sitôt les présentations faites, il s’excusa de son très léger retard et nous remercia de vouloir bien s’intéresser à ses expériences. Mais il nous rappela notre promesse de ne pas dévoiler son domicile… Nous avons déjà décrit le cabinet de Fhakya-Khan lors de notre première visite. Pour la circonstance, le fakir avait fait ajouter quelques chaises disposées devant l’écran, ainsi qu’une table d’opération.

 

“Messieurs, et vous surtout, docteur, vous pouvez tout examiner. Une seule précaution, ne touchez à rien sans me prévenir, car j’emploie pour certaines recherches des énergies formidables…qu’il vaut mieux ne pas mettre imprudemment en liberté. Moi je me prépare…”

 

Des appareils compliqués où le verre et le nickel dominent, et dont les usages sont incompréhensibles… Des instruments d’électricité : bobine de Ruhmkorff, machine statique, transformateur, l’écran argenté visible devant et derrière, et ne dissimulant aucun truquage. Des murs pleins, comme on s’en rend compte en les frappant. Rien, en un mot, qui laisse place à la moindre suspicion. Pendant que nous inventorions le laboratoire, le fakir s’était étendu sur la table d’opération. L’Hindou qui nous avait guidés ne l’avait pas quitté et lui massait le visage, le cou, les épaules. Se tournant vers moi, le fakir m’explique :

 

C’est parti pour la séance

“Lors de ma très courte démonstration, dont vous avez été témoin, j’opérais tout seul. Mais comme cette fois la séance peut durer longtemps, mon aide Hatma me facilitera ma tâche. Il sait comment m’endormir et, en cas d’une syncope, toujours possible, il me ranimerait rapidement. Il se tiendra pendant toute ma vision au milieu de vous et ne vous importunera pas, je vous assure, par ses bavardages : il est muet. Maintenant, messieurs, je vous demande le silence et l’immobilité. Nous entrons dans la phase active de l’expérience. Un dernier mot, c’est bien entendu, vous désirez savoir les principaux événements qui se dérouleront pendant l’année 1926. Laissez-moi d’abord, quand je serai en transe, vous parler sans m’interrompre. Ensuite, vous pourrez me poser quelques questions, mais en concentrant violemment votre pensée sur l’objet de votre curiosité.”

 

Hatma précipita ses mouvements, massages ou passes magnétiques ? – et le fakir Fhakya-Khan s’immobilisa les yeux fermés. Il poussa un profond soupir et Hatma s’arrêta… Alors, ses traits se détendirent, il devint livide et prit l’aspect d’un cadavre. Le docteur Desnard lui saisit le poignet :

 

“Trente pulsations au lieu de quatre-vingt. Et la respiration est presque abolie. Au fond, c’est une syncope.”

 

Les traits du fakir se pincèrent de plus en plus, le creux des orbites s’accentua, et une soudaine angoisse nous envahit. Hatma, seul, paraissait impassible. Il attendit quelques minutes et revint près de son maître. Il lui frictionna le front. Le fakir, presque aussitôt, ouvrit les yeux – des yeux vagues, sans vie – et se dressa sur son séant. Hatma repartit ; sans aucune aide, Fhakya-Khan descendit de la table d’opération et gagna un siège qui l’attendait derrière l’écran. Il s’assit, Hatma nous fit signe d’en faire autant, et je m’aperçus alors qu’une petite table, éclairée par une lampe d’orchestre, longue et laissant filtrer la lumière sans importuner les voisins, m’attendait. J’y posais mon crayon, mon papier, parfaitement à l’aise pour prendre mes notes.

Hatma éteignit toutes les lumières sauf la mienne. L’écran devint brusquement phosphorescent, et se couvrit d’ombres fugitives et informes…. Le fakir haletait, prononçait des mots sans suite, des cris, plutôt, puis, tout à coup, d’une voix claire, bien que faible, commença :

 

“1926 ! Oui, je vois… je vois… Quelle année… Des lueurs étranges, une des années qui marquera dans l’histoire du Monde. Heureux ceux qui verront 1927… J’ai peur !… Mais non, il faut voir, il faut savoir…”

“Une année qui ne commence pas trop mal. La situation s’améliore ; la vie économique subissait un arrêt terrible. Elle reprend. Après une vague d’abattement, les hommes reprennent confiance ; la vie leur paraît bonne, et, plus que jamais…que de plaisirs, que de folies. Quelle fièvre de mouvement. Où vont-ils aussi vite ? Ils sont fous de s’agiter ainsi.”

 

Et sur l’écran, où se précipitait la pensée de Fhakya-Khan, apparurent, en un éclair, des fêtes de restaurants de nuit, des salles de théâtre bondées, des visages congestionnés de viveurs, la salle d’une boite de nuit à Montmartre, un café chantant dans une sous-préfecture. Et partout, des visages grimaçants de joie bestiale.

 

“Le magnifique navire ! D’où revient-il ? D’Amérique. On est joyeux à bord. Les accords sont signés. Les Américains ont compris. Tant mieux. La vie va reprendre plus normale. La confiance renaît.Voilà la fin février. Le monde entier a les yeux fixés sur Paris. Je vais rester à Paris.

La ville immense n’a plus sa gaîté factice qui l’animait il y a quelques semaines. Ses rues sont mortes. Il fait froid, il pleut sans discontinuer. Beaucoup de boutiques sont fermées et les passants ont des visages soucieux. Ils ont peur ! Mais de quoi ?… Tiens ?…Une station du métro. Elle est fermée, barricadée ! Un bruit de pas cadencés…., des soldats, sans armes, des marins… Ils paraissent accablés de fatigue. Mais on ne peut plus avancer, des barrages. Je comprends, maintenant. Quel malheur !…”

 

Les visions de l’écran se précisèrent de plus en plus, à partir de ce moment. Elles avaient exactement l’apparence de vues cinématographiques, bien que moins nettes, et se succédant avec une plus grande rapidité. Par moments, quand Fhakya-Khan reprenait haleine, elles devenaient floues, pour s’évanouir complètement.

 

La crue, pour démarrer le bal…

“Comme en 1910, Paris est inondé ! Mais le cataclysme d’il y a trois ans n’était pas comparable à celui-ci. La Seine roule des flots énormes, boueux, semés d’épaves. Toute la rive gauche, sauf Vaugirard et Montparnasse, est inondée.

L’eau a gagné jusqu’aux grands boulevards, et chaque jour amène une recrudescence du fleuve. L’eau monte, sournoise, implacable ! Où s’arrêtera-t-elle ? Le métro est inondé. Les égouts aussi. Des voûtes ont crevé sans doute. Place d’Italie, un trou immense, un lac et des maisons effondrées. Il y a eu des cadavres, beaucoup de cadavres.

Tiens, un peu d’animation. des autos, des agents, devant une mairie. Derrière on découvre le Sacré-Coeur. Des gens pressés descendent, s’installent. Je comprends. Un conseils des ministres qui n’a pas pu se tenir à l’Elysée, à cause de l’eau. Quelles mesures prendre ? Et d’où vient ce fléau ? Les savants ne trouvent aucune explication. Cette crue est sans précédent ; il y a là quelque chose d’anormal, de surnaturel. Il n’y a qu’à attendre le ravitaillement, c’est le plus grave…”

“Les mauvaises nouvelles. Le faubourg Saint-Antoine. Ah !…”

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Et, pour un moment, Fhakya-Khan se tait. Mais les visions de l’écran extériorisent sa pensée. Une horde immense descendait de Ménilmontant, de Belleville, du faubourg Saint-Antoine. Des hommes, des femmes, des enfants, tous silencieux, avec un masque tragique, – le masque des gens qui ont faim – Peu d’emblèmes révolutionnaires, mais des des pancartes : du pain ! Un premier heurt se produisit devant l’Église Saint-Paul ; les gardes municipaux et les émeutiers pataugèrent dans l’eau, et la mêlée fut sans gravité. Chacun resta sur ses positions, quand des camions arrivent en trombe. D’abord, la foule eut une houle d’effroi, puis se précipita à l’assaut des voitures. Elles étaient pleines de pain. Après une mêlée sans précédent, la situation s’éclaircit et les émeutiers se dispersèrent.

L’écran, un instant, resta opalescent, sans images distinctes, puis le fakir reparla et les images continuèrent alors de se succéder.

 

“Mais dès le lendemain de l’émeute, l’allégresse revint dans Paris. La foule vient contempler les limites de l’inondation, tout en se chauffant aux feux allumés par les marins. Un seul cri : elle baisse ! En effet, l’eau diminue ; La Madeleine, l’Opéra sont dégagés, et les chevaux peuvent circuler sur les boulevards. Les esprits se calment ; le ravitaillement s’organise sans grandes difficultés. Les cuisines roulantes dans les quartiers inondés… La terrible crise est virtuellement conjurée !… L’eau baisse encore très vite. Encore quelques heures et la Seine a repris son cours normal.  Un nouveau drame : rue de la Folie-Méricourt, une maison lézardée s’écroule. Heureusement qu’elle était évacuée !”

 

…avant une sécheresse terrible

“Voilà la Seine complètement assagie, et peu à peu la vie reprend. Comme il y a des ouvriers dans le Métro !

Mais la Seine ne se contente pas de redevenir tranquille. Elle baisse chaque jour, et jamais son niveau n’a été aussi bas. Mais non, monsieur le ministre, nous n’y comprenons rien. Cette inondation, cette sécheresse qui lui succède, nous devons être en présence d’un phénomène sismique, d’un véritable tremblement de terre !

Surtout, taisez-vous, les nerfs des Parisiens sont déjà assez faits à l’épreuve, sans qu’on ne leur avoue pas de tels dangers… Quinze jours se passent. Des orages continuels. Les oiseaux émigrent, les chevaux, les chiens, les chats ont peur, et les hommes se disputent constamment dans la rue.

Le 16 mars, il fait aussi chaud qu’en plein été. La nuit tombe brusquement et personne n’arrive à s’endormir. Enfin l’aube va venir. Pas d’aube !  Des brouillards intenses, et le soleil est complètement masqué. Des détonations sourdes. Sans doute un orage au loin… C’est impossible ! C’est trop affreux ! Je ne veux plus voir !… Si, si, il faut voir !…”

 

Et le fakir hurle ces interjections d’un ton tellement angoissé qu’un frisson nous saisit. Il reprit :

 

“Mais les maisons sont en folie ! Elles sont secouées d’un spasme qui les fait trembler jusqu’aux fondations ! Les gens sortent dans la rue, à peine vêtus, pris d’une panique folle ! La secousse s’accentue, en quelques secondes, le sol se lézarde, des murailles croulent, des bâtiments s’éboulent avec un bruit de tonnerre ! Une immense clameur secoue la ville meurtrie ! Un tremblement de terre ! Le ciel est rouge feu. Dans la rue, déjà, des cadavres par monceaux !…

À la Villette, une explosion formidable : l’usine à gaz vient de sauter. Partout, le métro s’écroule, entraînant la chaussée avec lui. A intervalles réguliers de trente secondes, les secousses reprennent ; la terre frissonne. La panique s’accentue. Une longue clameur de détresse secoue une foule hagarde qui essaie de gagner les endroits les plus espacés pour échapper à la chute des matériaux. Partout des incendies ! Plus de secours ; des scènes de carnage… La Seine est presque à sec.

Au Louvre, sous les décombres, des hordes de Kabyles, d’Espagnols, des guerillas de gens sans aveux fouillent les décombres, insoucieux de la mort imminente, pour essayer de trouver les Diamants de la Couronne, les autres joyaux…

La foule se presse… quarante, soixante mille personnes (peut-on savoir) au Champ-de-Mars et dans les chantiers de L’Exposition des Arts Décoratifs…Un temps de repos. Le cataclysme est achevé ? Les familles essaient de se réunir. Certaines pensent déjà à retourner vers les ruines de leurs maisons.”

 

Gustave Eiffel, pas tout à fait aux normes parasismiques

“Tout à coup une secousse plus brutale que les autres, un bruit inouï, comme cent batteries d’artillerie, et, sous ce dernier choc, plus terrible que les précédents, la Tour Eiffel oscille, penche et tombe en cinq secondes sur la foule horrifiée en faisant une bouille humaine d’où monte des cris affreux. Le dôme des Invalides est lézardé et s’effondre par moitiés. L’usine à gaz de Vaugirard saute à son tour, incendiant tout le quartier, miné par les égouts, le métro, les rues ne résistent pas ; des arrondissements entiers ne sont pas reconnaissables.

Montmartre surtout ! Où es-tu pays des artistes et de la gaîté ?… La Butte est toute entière creusée de carrières, qui, aux premiers chocs, se sont écroulées. Le sol se nivelle peu à peu. Le Sacré-Coeur résistera-t-il ? Il tient bon…, mais d’un coup le campanile s’effondre.

L’Île de la Cité, l’Île Saint-Louis oscillent comme des bateaux pendant la tempête. Notre-Dame s’enfonce dans le sol meuble jusqu’à la Galerie des Rois. Les tours s’écroulent, tombant sur l’Hôtel-Dieu. Les scènes d’épouvante parmi les malades, les mourants. Les survivants se tordent les bras, impuissants à organiser des secours.

Le Trocadéro, lui-même, s’est écroulé. La gare Saint-Lazare est en feu et enflamme tout le quartier des Batignolles. Le lac souterrain sur lequel repose l’Opéra a subitement grossi, et il inonde la rue de la Paix, l’avenue de l’Opéra, transformées en rivières. L’église Saint-Augustin est coupée en deux, nettement, comme avec un couteau. L’Hôtel de Ville est en feu, l’Arc de Triomphe éboulé. La Bièvre est maintenant un fleuve, un grand fleuve qui dévaste tout sur son cours. Elle charrie des cadavres par centaines…”

“Midi ! Quelques heures se sont écoulées depuis la première secousse, et que reste-t-il de la plus belle ville du monde ? Des ruines fumantes, des terrains inondés, de vastes tranchées. Ça et là, des hurlements de blessés, la plainte de chiens errants, les cris de malheureux assassinés par des bandes de pillards !…”

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Le fakir reprit haleine. Nos cheveux se dressaient sur nos têtes, d’autant plus que chacune de ses paroles avait été suivie d’une vision sur l’écran, vision quelquefois assez nette pour être photographiée ou “croquée” par le dessinateur. Nous n’osions pas respirer tant nous étions glacés d’effroi. Seul le professeur Desnard reprit un peu son sang-froid, et d’une voix entrecoupée, demanda : “Et les autorités pendant ce temps ?” Le fakir Fhakya-Khan répondit :

 

Quand les volcans s’y mettent, le gouvernement à la peine

“Ah ! Oui, oui. Je vois !… Mais ce ne sont que de pauvres hommes, des hommes affolés devant la Mort. D’ailleurs, comment rassembler un Conseil de ministres dans ces conditions ? Pourtant, à deux heures après-midi, je vois quelques hommes aux yeux hagards qui se sont réunis en plein Bois de Boulogne… Je reconnais M. Doumergue. Il a le bras en écharpe… À côté, le préfet de police, le préfet de la Seine et quatre personnes, des ministres, sans doute. Ils ont tous leurs vêtements déchirés. Ils écoutent le préfet de police. Attendez… Oui, je saisi sa pensée :

“Il n’y a plus moyen de communiquer avec la province, qui, elle aussi, doit être éprouvée comme nous. Un seul renseignement nous est parvenu avant la rupture du télégraphe : les volcans d’Auvergne sont en éruption. Probablement en subissons-nous les conséquences. Plus de trains, plus de routes, plus d’autos. J’ai envoyé des hommes pour marcher droit devant eux, avec tout pouvoir pour organiser les secours, quand ils trouveront enfin -si elle existe encore- une région intacte.

Les stations de T.S.F de Sainte-Assise, de la Tour Eiffel sont réduites en cendres. Plus un avion ; les camps d’aviation ont tous brûlé. D’ailleurs, combien de Parisiens reste-t-il de vivants ? Dix mille au plus… La ville est tellement démolie qu’elle ne sera jamais remise sur pieds. Alors…”

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Une vision…quelle vision ?

La dernière phrase du fakir avait été prononcée dans un souffle. Il y eut un nouveau silence, puis, sur un tout autre ton, d’une voix haletante, Fhakya-Khan reprit :

“ — Mais une vision nouvelle s’impose à moi. Au pôle Nord… un monde… des fleurs dans la glace…”

Sur ces derniers mots, il se tut. Nous attendions, angoissés, quand Hatma se leva précipitamment, fit la lumière et courut à son maître. Le professeur Desnard le suivit presque aussitôt. Il avait compris : la syncope !

Sous les soins énergiques du médecin et de l’Hindou, Fhakya-Khan se rétablit assez vite. L’effort l’avait brisé, mais avant que de prendre congé de nous, il voulut bien nous dire :

“ — Alors, messieurs, il est entendu que nous nous retrouverons à nouveau la semaine prochaine

— Vous nous parlerez de la dernière vision que vous avez eue ?..

—Quelle vision ?… Dès que je suis réveillé, je ne me souviens plus de rien. Il faudra attendre que je sois retombé en transes pour que je me la rappelle.”

 

Mais en voyant que l’effort l’avait brisé, il nous laissa parler sans pouvoir prononcer une parole…

Nous vous laissons à penser dans quel émoi nous rentrâmes chez nous, après de telles révélations. Seul le professeur Desnard gardait un peu de présence d’esprit : “Je suis certain, nous avoua-t-il, qu’il n’y a vraiment aucun trucage et que cet homme voit vraiment ce qu’il décrit et ce qui se projette sur l’écran. Je crois que depuis les début de l’humanité, on n’a jamais fait de découvertes aussi impressionnantes ! Je ne vous cache pas que j’attendrai avec une impatience fébrile la semaine prochaine”

Pour copie conforme : M. Martx