Du Premier Empire aux 90’s, une brève histoire des bons points scolaires
Fragments de la petite histoire des salles de classe et vestiges de rituels scolaires pas si lointains, les bons points ont vu leur usage s’effacer. Mais avant d’appartenir à une autre époque, ces récompenses en ont bel et bien déjà traversé plusieurs.
Nés sous le Premier Empire
C’est au crépuscule du Premier Empire que les bons points auraient vu le jour. Mais leur usage ne se répand véritablement qu’un peu plus tard au cours du XIXe siècle. La distinction au sens large et sous toutes ses formes a le vent en poupe. Alors elle franchit tout naturellement les portes de l’école pour les élèves méritants. Venant récompenser l’attitude et les résultats, les bons points sont de précieux sésames qui feront pendant longtemps double usage. Épargnés, car le cumul est de rigueur si l’on veut que la mécanique opère, ils s’échangent principalement contre une récompense plus importante. Le graal, qui se reçoit, s’emporte et s’exhibe fièrement, se matérialise alors généralement par une illustration grand format ou un livre. Mais ces points constituent un véritable petit capital sagesse dans lequel puiser peut parfois sauver, car ils permettent aussi d’échapper à une punition en cas d’écart de conduite…Option pratique s’il en est.
Des bons points pour tous les goûts…
Cette sorte de monnaie scolaire du mérite circule sous différentes formes selon les époques, mais les formes les plus répandues restent les versions papier. On décerne ainsi des timbres octogonaux sous Napoléon III avec une valeur faciale en centimes et en grammes en plus du nombre de points, puis des chromolithographies, des bons points patriotiques pendant la Première Guerre Mondiale qui reprennent alors certains textes parmi lesquels ceux de Victor Hugo, ou encore les fameux bons points images sur une multitude de thèmes à portée éducative, et même des bons points métalliques et autres bons points cercles en nickel.
Avers au blason de Paris d’une récompense scolaire de 5 points – Circa 1910
Bons points de la ville de Paris : la récompense emblématique
Le bon point vit véritablement ses heures de gloire entre le milieu du XIXe et le milieu du XXe siècle. La Ville de Paris, déjà à l’origine des bons points scolaires métalliques ornés du blason distribués vers le début du XXe et de versions papier marquées du nom de la ville, lance ses fameux témoignages de satisfaction puis ses bons points emblématiques qui resteront en usage jusque dans les années 80. Rappelons aussi qu’en 1965 une circulaire impose la mixité comme le régime normal de l’éducation primaire. Le visuel des bons points imitant celui d’une carte à jouer sur laquelle la figure représente alors un garçon et une fille. Il marque également, et peut-être avant toute chose, la fin d’une distinction de sexe pour l’attribution de la récompense.
Authentique bon point de la ville de Paris, en chair et en os
Et puis, sous le feu des critiques, la bulle éclate dans le courant des années 90. Les avis des pédagogues divergent sur le schéma et ses fondements : le système de rétribution n’y résiste pas, ou peu, et les planches à bons points cessent peu à peu de tourner. Ce qui n’empêchera pas l’apparition d’autre formes de récompenses ou de marqueurs d’attitude pour s’y substituer, ni l’apparition de bons points fait maison, puisque le système reste toujours autorisé. Evidemment les bons points sont loin d’être une spécificité parisienne. Mais on retiendra malgré tout l’effort déployé par la ville pour y apposer sa griffe et donner naissance aux modèles qui restent parmi les plus emblématiques d’entre tous. De quoi se tenir à carreau, pour la collection en tout cas…